Pourquoi l’ex-coteur de France Pari Sportif fait des paris long terme ?

Pourquoi l’ex-coteur de France Pari Sportif fait des paris long terme ?

Aujourd’hui, je suis avec Benoit, qui est un ex-salarié de France Pari Sportif. Il est également membre du club privé Paris sportifs. Au cours de cette interview, on va voir un petit peu comment se déroule une journée-type chez un bookmaker, comment ça lui est venu à l’idée de travailler chez un bookmaker, et plein d’autres choses. Tout d’abord, je vais laisser Benoit se présenter pour qu’il nous explique un petit peu ses débuts dans les paris sportifs jusqu’à aujourd’hui. Salut Benoit !

Benoit : Salut Maxence ! Oui, je vais me présenter au groupe. Donc moi c’est Benoit, comme tu l’as dit, j’ai travaillé à France Pari Sportif pendant deux ans et demi. J’ai 34 ans et je fais des paris sportifs depuis que j’ai 18 ans, donc ça fait quand même un petit moment ! On va dire que j’ai roulé ma bosse pas mal là-dedans, donc aujourd’hui, je connais quand même pas mal de choses…

Maxence Rigottier : Comment t’es venue l’idée de travailler chez un bookmaker ?

Benoit : A la base, les paris sportifs, c’est une passion. Donc c’était un peu un rêve de travailler chez un bookmaker, de l’autre côté de la barrière, de savoir vraiment ce qui se passe. Parce que quand tu fais des recherches sur Internet, tu ne trouves pas grand-chose : c’est un monde un peu, euh… il y a comme une chape de plomb là-dessus !

Maxence Rigottier : Exactement !

Benoit : Je vis à Brest, où la société France Pari Sportif s’est créée il y a trois ans. Et donc j’ai vu une annonce sur le journal, comme quoi il y avait une société qui se créait et qui cherchait du monde. J’ai fait un CV, j’ai raconté que je faisais des paris sportifs depuis longtemps, j’ai eu un entretien, et puis voilà ! Ça s’est bien passé, j’ai été pris –sachant qu’avant, je faisais un métier qui n’avait rien à voir : j’étais instituteur. Donc j’ai commencé à France Pari Sportif. Au début, il faut savoir que lorsque j’ai commencé, on n’avait pas l’agrément, l’agrément étant un papier de l’Arjel (je crois que tu as déjà dit ce qu’est l’Arjel dans une vidéo : c’est l’Autorité de Régulation des Jeux en Lignes en France, on va dire que c’est un peu le gendarme des paris en France –il y aurait beaucoup de choses à dire aussi sur eux, d’ailleurs). Donc mon boss a réussi à avoir l’agrément, et la société a commencé vraiment il y a deux ans et demi. Donc pendant deux ans et demi, j’ai fait le travail de bookmaker en France.

Maxence Rigottier : Comment se déroule une journée-type ? Vous arrivez le matin, il faut fixer les cotes sur telle ou telle compétition ? Comment ça se passe ?

Benoit : En fait, pour te dire un peu les heures de travail : déjà, tu n’as pas de week-end. Moi, mes jours de repos quand j’ai commencé, c’était le mardi et le mercredi. Parce que le week-end, tu vas être d’accord avec moi, c’est là qu’il y a le plus de sport.

Maxence Rigottier : Exactement.

Benoit : Donc, du travail le samedi et le dimanche. Donc déjà, au niveau familial, c’est quand même des sacrifices. Ensuite, tes heures de travail, ça varie d’une semaine sur l’autre. Nous, on avait trois créneaux quand on a commencé : c’était 8h30-18h, tu avais un autre créneau qui était 12h-20h, et un dernier créneau 15h-23h30. Voilà les créneaux dans lesquels tu pouvais travailler, avec une pause d’une heure à une heure et demie pour manger.

Donc tu arrives le matin. Chez nous, comment ça se passait ? Tu regardais les alarmes : en fait, on avait un logiciel qui répertoriait les alarmes qui avaient sonné pendant la nuit. Alors une alarme, c’est quoi ? Quand tu atteins une certaine mise sur un pari, le pari se ferme automatiquement –ce n’est pas une personne qui est derrière et qui le ferme toute seule. Donc le pari se ferme automatiquement, et quand quelqu’un le voit, il le rouvre, il va voir le marché, et il rouvre par rapport à la cote, si elle a monté ou descendu.

Voilà, ça c’est le premier travail que tu fais le matin. Ensuite, tu regardes un peu l’information sportive, bien sûr, pour savoir un peu tout ce qui se passe. Généralement, le lundi et le mardi, tu rentres tes fiches de statistiques. On va prendre par exemple le handball : tu rentres les résultats du week-end, but marqués et but encaissés par chaque équipe. Ensuite, on avait un logiciel qui, avec ça, te sortait les cotes pour le week-end d’après. Voilà, en gros, comment ça fonctionnait. Et après, moi, avec ce que le logiciel me sortait et mon expérience et si je trouvais si l’équipe avait des blessés ou pas, je pouvais modifier la cote de quelques points (pour moi, un point, c’est 0,01 de cote), donc je pouvais modifier la cote de quelques points pour attirer les gens un peu plus sur telle ou telle cote, parce que je voyais plus un résultat arriver qu’un autre.

Donc voilà, il y a une petite part d’humain là-dedans. Mais il ne faut pas se leurrer : il y a beaucoup d’argent en jeu, donc on ne peut pas laisser que l’Humain faire. C’est aussi beaucoup d’informatique et de formules mathématiques qui sont dans certains logiciels.

Maxence Rigottier : Je vais revenir sur ton mécanisme de limitations de mises : si c’est un match de championnat de Ligue 1, je suppose que l’alarme est beaucoup moins présente que si c’est un match de Pro B au basket ou de Pro D2 en rugby, par exemple ?

Benoit : Beaucoup moins présente, c’est-à-dire que ça sonne moins ?

Maxence Rigottier : Je veux dire : s’il y a quinze personnes qui mettent chacune 100 euros, il y a beaucoup plus de chances que ça sonne, je suppose, pour un match de Pro B en basket que pour un match de Ligue 1, où le volume d’argent est beaucoup plus important ?

Benoit : Tout-à-fait. Après, ce qui se passe, c’est que tu sais que sur le foot, tu vas avoir plus de mises, donc tu mets l’alarme un peu plus haute. Le football, on va dire que c’est un gros marché par rapport à des petits marchés comme la Pro B de basket, par exemple. Là, c’est un petit marché où tu sais que les gens ont peut-être plus facilement accès à des infos que le bookmaker. Et il ne faut pas se leurrer : les gens se font beaucoup d’argent sur les petits marchés, style la Pro D2 ou le Top 14. Le Top 14, je suis désolé, c’est un petit marché, parce que quand tu regardes le rugby en France, c’est quoi ? c’est 2% des mises, c’est ridicule ! Donc les petits marchés, pour un bookmaker, au niveau des cotes, c’est plus dangereux que les gros marchés –parce que les gros marchés, tout le monde a à peu près les mêmes cotes, faut pas se leurrer !

Par exemple, chez nous, France Pari Sportif, on était le plus petit opérateur en France. Et donc, on avait, je ne sais pas… 500 clients qui jouaient vraiment activement. Et donc, on avait par exemple une alarme de 500 euros en Ligue 1.

Maxence Rigottier : Par rapport aux limitations de mises : on limite parce que, par exemple, dix personnes ont joué 100 euros, ou une seule personne a joué 500 euros ? Comment ça se passe exactement ?

Benoit : En fait, chez France Pari Sportif, tu étais limité à 100 euros par pari. Donc en gros, si c’est 500 euros la limite, tu as cinq personnes qui jouent 100 euros ou cinquante personnes qui jouent 10 euros, voilà. Et dès que ce seuil-là est franchi, le pari se ferme.

Maxence Rigottier : C’est 100 euros sur la mise ; si la cote est à 10, on peut jouer 100 euros ?

Benoit : Voilà, c’est ça. Chez nous, si c’était une cote à 40, tu pouvais aussi mettre 100 euros.

Maxence Rigottier : Et alors toi, vu que tu es tout le temps dans les cotes, est-ce que ça t’aide pour tes propres pronostics, en te disant « ah, c’est une superbe value, une super opportunité » ?

Benoit : Je ne vais pas te cacher que forcément, quand tu fais ce métier-là, tu es tout le temps au cœur de l’info. Tu as tout le temps les infos assez rapidement, donc tu peux anticiper les baisses de cote et avoir des meilleures cotes que Monsieur-tout-le-monde. C’est aussi pour ça que je suis allé là-dedans : parce que ça me permettait d’être tout le temps dedans. D’ailleurs, depuis que ça a fermé, je suis un peu moins dedans, forcément. Donc oui, ça aide pour les values. Par exemple, quand notre logiciel nous sortait une cote : on va dire que la cote valait 2 et que chez les bookmakers, c’était du 2,50 ou du trois, tu pouvais te dire : « bon voilà, là, c’est une value, je peux la prendre ».

Maxence Rigottier : Donc tu te basais sur les cotes de France Pari, et ensuite tu allais voir ailleurs ?

Benoit : France Pari Sportif !

Maxence Rigottier : Sur France Pari Sportif, pardon !

Benoit : Il y a toujours une confusion. France Pari, ça existe toujours, et France Pari Sportif, ça n’existe plus. Il y avait déjà un problème entre les deux noms. On était d’ailleurs en justice contre eux parce que normalement, on avait d’abord déposé ce nom de « France Pari Sportif » et eux, « France Pari » après, et il y a eu beaucoup de confusions. Mais pour en revenir à ta question, il est évident que ça m’aidait pour faire mes propres paris.

Maxence Rigottier : Quels sont les paris qui rapportent le plus à un bookmaker –et qui donc, du coup, font perdre de l’argent aux parieurs ?

Benoit : Sans hésiter, le live.

Maxence Rigottier : C’est vraiment là où les émotions sont omniprésentes que les bookmakers aiment bien que les parieurs jouent…

Benoit : Voilà, c’est ça. le live, c’est la vache-à-lait des bookmakers. Parce que quand tu regardes un match, tu es impulsif ; tu joues, tu as moins de réflexion. Donc franchement, ça, c’était la vache à lait des bookmakers. Donc si j’ai un conseil, ne jouez pas en live ! Ça, c’est une cer-ti-tude ! Ne jouez pas en live –à moins peut-être d’avoir la chance d’avoir BetFair, mais sinon…

Maxence Rigottier : Si c’est du pari pur, je suis d’accord avec toi, si c’est vraiment que du pari pur, le live, c’est à déconseiller.

Benoit : En plus, avec le live, vous passez un temps fou devant votre ordinateur. A moins d’avoir trouvé une formule et une erreur chez un bookmaker, une faille dans son système de live, dans ce cas, vous pouvez peut-être le faire. Sinon, évitez. Posez plutôt vos paris, laissez le match se dérouler, et puis vous voyez si vous avez gagné ou perdu à la fin.

Maxence Rigottier : Je suis 100% d’accord avec toi, c’est clair !

Benoit : Il y a une vie à côté, aussi. Non ?

Maxence Rigottier : Après, ça peut être un choix, si vous aimez vraiment être scotché à votre ordinateur. Mais à un moment, c’est comme ça qu’on fait des erreurs, parce qu’on est collé dans les cotes : on peut se créer des opportunités, alors qu’au final, on n’aurait jamais misé un centime sur ce pari. Donc c’est à éviter, ca, c’est sûr.

Benoit : C’est ça, on est d’accord.

Maxence Rigottier : Pour quels motifs France Pari Sportif a dû fermer ? Comment on t’a annoncé la nouvelle, et pourquoi y a-t-il encore un bookmaker en moins agréé par l’Arjel en France ?

Benoit : Comme je l’expliquais, on était le plus petit opérateur de jeux en ligne français, en province…

Maxence Rigottier : Du côté de Brest…

Benoit : Voilà. Il faut savoir que la majorité des bookmakers sont à Paris, et il y en a à Toulouse (à Toulouse, c’est France Pari). Ça c’est fait très vite : ça c’est fait en 3-4 jours. Moi, en plus, j’étais en vacances ce jour-là. Mon chef m’appelle –mon chef de la sale des cotations, m’appelle en disant : « Ben voilà, l’Arjel nous a enlevé l’agrément ». Ca nous est tombé dessus –en tous cas, nous les coteurs, les bookmakers dans la salle, ça nous est tombé dessus. Mais je pense que mon grand chef le savait depuis un moment et qu’il n’a pas tout fait pour aller dans le sens de l’Arjel.

En fait, comment ça se passe ? On te donne l’agrément si tu respectes un certain nombre de conditions. Et l’une de ces conditions, c’est (alors je vais être un peu technique, ça va peut-être être un peu chiant), en gros, tu as un capteur informatique que tu dois mettre dans ton entreprise, où l’Arjel peut venir prendre des informations sur les joueurs, savoir s’il y a des paris truqués. En fait, ils font la synthèse de tous les opérateurs, et ils se disent : « tiens, sur ce matche-là, on a des mises trop bizarres, qu’est-ce qui se passe » ? Donc il faut qu’ils puissent venir prendre toutes ces informations-là. Et nous, on avait un capteur informatique qui ne leur plaisait pas, donc ils nous avaient demandé de le changer. Ils nous avaient donné l’agrément, en nous mettant en demeure de le changer quand même.

Après, moi, je n’étais qu’un simple coteur. Je pense que ma hiérarchie n’a pas fait tout ce qu’il fallait pour pouvoir répondre à ce que l’Arjel demandait, et la sanction est tombée. Mais c’est un peu dur, sachant que la sanction juste en-dessous d’enlever l’agrément, c’était la suspension de l’agrément pendant six mois pour pouvoir nous laisser le temps de refaire ça. Et ils nous ont tout de suite enlevé l’agrément. Et là, je ne te cache pas que ça doit être du lobbying : il y a de grosses entreprises qui ont dû faire pression. Alors, on va dire que je psychote, mais je ne pense pas, parce que plusieurs fois, quand mon boss est allé à l’Arjel, même le président de l’Arjel lui a demandé : « Mais comment vous faite pour vivre ? » Il ne comprenait pas comment on était toujours en vie !

Maxence Rigottier : Comment vous faites avec les quelques bénéfices pour payer les coteurs comme toi ?

Benoit : Voilà. Ils ne comprenaient pas comment on faisait pour vivre alors qu’on était tout petits. Et je te promets : je pense que l’on devait déranger. Malgré le fait que l’on soit petit, on devait déranger. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, ce qui s’est passé, c’est que l’Europe a tapé sur la France pour ouvrir le pays aux jeux en ligne. Donc l’Etat s’est exécuté, il a ouvert le monopole qui était auparavant la PMU et la Française des Jeux, donc des entreprises comme nous ont pu venir –je te rappelle que d’autres ont fermé : il y avait Sajoo, il y en avait d’autres, je ne sais plus…

Maxence Rigottier : Il y avait EurosportBet…

Benoit : Oui, voilà. Il y avait Paris365, il y en a plusieurs qui ont fermé. Et aujourd’hui, il ne faut pas se leurrer : c’était une fausse ouverture de marché. Ce qui va se passer pour les parieurs français, c’est qu’il va rester deux ou trois gros, les mastodontes. C’est-à-dire que ParionsWeb et PMU ne fermeront jamais, ca, c’est une certitude.

Maxence Rigottier : Et Betclic, je ne pense pas non plus. Et Bwin.

Benoit: Betclic et Bwin non plus. Alors voilà, il va rester les quatre

Maxence Rigottier : C’est le Top 4.

Benoit: Il va rester les quatre gros que tu connais, et j’ai oublié Unibet.fr.

Maxence Rigottier : C’est ce Top 5 qui va rester, et tout le reste, si vous pouvez partir, y’a aucun problème, quoi.

Benoit : Voilà. France Pari, vu qu’ils ont fait une levée de fonds, ils ont reçu pas mal d’argent ; donc je pense qu’ils vont tenir un peu. Est-ce qu’ils vont continuer ou pas ? Je ne sais pas. En tous cas, pour moi, c’était une fausse ouverture de marché, il ne restera que les gros, et puis voilà ! Et si je peux me permettre (aujourd’hui, de toutes façons, je ne suis plus tenu au secret), il n’y a aucun bonhomme à l’Arjel qui connaissait les paris sportifs avant de rentrer à l’Arjel. Donc ils parlent de choses qu’ils ne connaissent pas. Aujourd’hui en France, je suis désolé, quand on te donne des cotes à l’équilibre à 1,70-1,70, on rigole !

Maxence Rigottier : Alors que si on joue sur du .com, pour certains matches comme la NBA, etc…

Benoit : Voilà, les .com, c’est du 1,90-1,90.

Maxence Rigottier : Au minimum.

Benoit : En France, c’est illégal de jouer sur des .com, on est bien d’accord. Mais il faut dire aux gens qu’ils se font quand même flouer, faut arrêter ! Tu mettrais des cotes de 1,91-1,91 comme il existe chez beaucoup de .com, au lieu du 1,70-1,70… Je ne sais pas si les gens s’en rendent compte, mais si tu joues 1000 euros en tout, sur un .com, ça va te rapporter 910 euros de bénéfice avec une cote de 1,91, alors qu’en France, pour le même match, le même pari avec une cote de 1,70, ça va te rapporter 700 euros : tu as 210 euros de différence !

Maxence Rigottier : Et sur le long terme, sur vraiment le très long terme, c’est gigantesque, c’est invraisemblable !

Benoit : Quelqu’un qui est un bon parieur peut être bénéficiaire sur du .com et en déficit sur du .fr. Il faut juste que les gens en prennent conscience. Mais aujourd’hui, je trouve que les gens n’en parlent pas assez, parce qu’en France, on ne parle pas beaucoup d’argent. Et les paris sportifs, je ne vais pas dire qu’il y a une chape de plomb, mais le Français n’est pas habitué à faire des paris sportifs comme les Anglo-saxons. Aujourd’hui, quand tu dis dans ton entourage que tu joues aux paris sportifs…

Maxence Rigottier : On te regarde avec des gros yeux ronds…

Benoit : C’est ça ! Et on te prend pour un fou ! Alors bon, tant que les mentalités ne changeront pas en France… Mais tu vois quand même que ça commence à évoluer un peu. Ton groupe privé, c’est la démonstration : il y a des gens qui commencent à se bouger, il y a des choses qui commencent à se faire… C’est très bien, ça va dans le bon sens.

Maxence Rigottier : Pour rebondir un petit peu sur tes propos : si vous n’avez jamais joué sur les bookmakers .com, si vous débutez dans les paris, vous ne savez peut-être pas ce que c’est, un bookmaker .com. Grosso modo, si vous êtes résident français, vous n’avez le droit de jouer que sur certains sites come ParionsWeb, PMU, Betclic, Bwin, Netbet, France Pari, etc. : il y en a, on va dire, une petite dizaine. Mais si vous êtes français résident à l’étranger (ca peut être en Suisse, en Angleterre, en Irlande, à Malte comme moi par exemple, ou dans n’importe quel autre pays dans le monde), vous avez accès aux bookmakers .com. Et les cotes, comme tu l’as dit, pour un événement comme le basket, les cotes sont minimum à 1,90 de chaque côté.

Il y a peut-être un sport où l’écart avec les .fr est moins important, j’ai remarqué, c’est le rugby. Cependant, depuis que l’on ne peut plus jouer sur les matches qui sont considérés sans enjeu sportif (que ce soit sur le foot, le rugby ou le basket en France), ce petit désavantage (qui n’était pas énorme) a disparu, et l’offre est vraiment assez mauvaise en France. Si vous n’avez jamais joué de votre vie sur un bookmaker .com comme Sbobet, Pinnacle, Bet365, si vous n’avez jamais eu accès à Betfair, etc. je comprends, vous ne pouvez pas du tout voir l’immense différence, c’est logique. C’est comme si vous aviez une télé en noir et blanc toute votre vie, et un jour, il y a une télé en couleurs qui débarque : vous vous dites « Waouh ! Qu’est-ce que je faisais avec cette télé en noir et blanc » ? C’est un petit peu pareil pour les bookmakers .fr et .com : la différence, c’est à peu près ce même cas de figure.

Benoit : C’est ça. En gros, ceux qui ont connu les .com, on va dire que c’est les dinosaures, comme moi. Moi qui ai quinze ans de paris sportifs, j’ai connu les .com, et je vais te dire que ce n’est pas du tout pareil. Mais le seul moyen de jouer sur les .com en France, c’est d’aller à l’étranger.

Maxence Rigottier : Sinon, je sais que tu fais pas mal de paris à long terme. Donc si vous avez quelques milliers d’euros et que vous ne voulez pas vous embêter à faire des analyses, ou même à faire des pronostics chaque week-end… Comment ça t’es venu de faire tous ces paris à long terme ? Quels sont pour toi les avantages et les quelques inconvénients ? Moi, j’en vois juste un : c’est l’immobilisation du capital que l’on a joué sur le pronostic pendant plusieurs mois. Mais sinon, il y a de multiples avantages. Laisse-nous un petit peu ton vécu par rapport à tout cela.

Benoit : Les paris long-terme, comment je suis venu là-dedans ? En fait, c’est simple. Je me suis dit : « les bookmakers, sur des paris court-terme, ils sont assez forts. Ils ont des statistiques. Sur qui va être le champion sur un an, sur la saison, je suis désolé : ni moi, ni eux, on ne peut pas se projeter ». Alors bien sûr, on va dire que si tu prends l’Allemagne, même si tu n’es pas coteur, tu sais que tu vas mettre le Bayern de Munich en un, Dortmund en deux, et après, bon, tu vas classer les équipes, c’est un peu plus compliqué. Mais si tu suis un peu le championnat allemand, tu vas réussir à les mettre. Mais il y a toujours des surprises, style Montpellier il y a deux ans en France, je ne sais plus…

Maxence Rigottier : L’année dernière.

Benoit : Voilà, l’année dernière. Montpellier devant Paris, là, je ne te raconte même pas comme les bookmakers se sont fait de l’argent, parce que peu de parieurs avaient parié sur Montpellier. Donc en fait, la première chose, c’est que pour moi, tu es d’égal à égal avec un bookmaker quand tu fais du pari long-terme. C’est-à-dire qu’il n’est pas plus au courant que toi de ce qui peut se passer sur un évènement.

Deuxième chose, c’est ton Livret A (je pars toujours de ce principe-là) te rapporte 1,25-1,50%, ça peut même descendre à 1 % par an. C’est-à-dire que tu places 100 euros, ça te rapporte, à la fin de l’année, 101,50 euros. Un pari long terme, si tu places 100 euros à une cote de 2, si ça passe, forcément, tu doubles ta mise : au lieu de te rapporter 101,50 euros, ça te rapporte 200. Et là bien sûr, tu vas me dire : « oui, mais tu peux tout perdre ». Je suis d’accord, tu peux tout perdre : ce n’est pas du sûr à 100%, les paris sportifs. Mais sur du long terme, si tu en fais plusieurs, pour moi, tu es gagnant. J’ai l’expérience qui fait que je sais que je suis gagnant en faisant des paris long-terme. En gros, c’est placer une somme d’argent pendant six, sept, huit mois, peut-être un an, et te dire que quoiqu’il arrive, si ça ne part pas dans le bon sens, tu pourras toujours te couvrir.

Par exemple, si l’année dernière, tu avais pris Paris champion, et que tu voyais que Montpellier restait très longtemps premier, tu te disais « houlala, ça sent mauvais pour mon pari, il faut que je me couvre, je vais prendre du Montpellier ». Montpellier, tu pouvais encore en prendre à 7, 8 ou 9, un truc comme ça, au niveau de la cote, parce que forcément, les books voyaient plus Paris être champion. En gros, tu récupères ta mise en faisant ça. Alors que sur un pari court-terme sur un match, tu ne peux pas vraiment le faire. Si tu joues, par exemple, je vais prendre Paris-Brest ce week-end : Paris a une cote de, je vais dire, 1,15 ; tu mets 100 euros, et là, tu apprends qu’ils vont faire jouer la CFA. La cote va remonter à Paris, Brest va descendre, donc tu ne peux plus te couvrir : c’est trop rapide.

Donc pour moi, les paris long-terme, c’est un moyen d’investir de l’argent (dont tu n’as pas besoin pour vivre, ca, c’est sûr !) qui permet de te rapporter de 6, 7, 8 à un certain pourcentage, ce qui n’est pas négligeable. Après, je peux comprendre que les gens veulent faire le bon père de famille en laissant leur argent à 1,50% sur le Livret A. Mais pas moi, je ne fais pas partie de ces gens-là.

Maxence Rigottier : Donc toi, tu ne joues que sur un sport spécifique, ou tu joues du rugby, du foot, du basket, que des paris long-terme ?

Benoit : De la Formule 1, du cyclisme, tout, tout, tout. Il n’y a pas de mauvais sport pour parier. Si je vois quelque chose (je vais dire une bêtise) en badminton, en tennis de table, qui pour moi est value, c’est-à-dire qui a été mal coté par les bookmakers, faut y aller !

Je fais un parallèle entre les paris sportifs et la bourse. La bourse, je n’y connais rien, mais il y a des gens qui s’y connaissent et qui gagnent de l’argent. Bon, moi je m’y connais mieux en sport, pareil : avec les paris sportifs, je gagne de l’argent. Pour moi, c’est exactement pareil : en bourse, tu joues sur des entreprises, dans les paris, tu joues sur du sport et des équipes sportives. Pour moi, c’est la même chose. Avant, j’avais des actions en bourse, aujourd’hui, je n’en ai plus, parce que tout mon argent est dans les paris sportifs.

Sur une année –tout dépend de ton capital, je ne veux pas donner un ordre d’idée parce que ça dépend du capital des gens, tu peux gagner 10-15 000 euros sur des paris long-terme. Ce qui est bien, c’est que les paris long-terme, tu n’es pas obligé d’en envoyer beaucoup. Si tu mets 100 euros à une cote de 5-6, voilà, pas de problème !

Maxence Rigottier : Oui parce que souvent, si c’est un champion, si c’est une relégation, souvent les cotes sont à 5 ou 6.

Benoit : Voilà, moi je vais te donner deux exemples, si ça peut aider les gens. Brest, cette année (j’habite Brest), comme on a vendu Ben Bassat, comment j’ai analysé ça ? Ce n’est pas bien ce que je fais, parce que j’ai ma carte d’abonnement du Stade Brestois, mais j’ai joué sur « Brest descend ». Et à quelle époque ? Quand Ben Bassat (il faut connaitre un peu le foot) a été vendu par Brest à Toulouse. En fait, on n’avait plus d’attaquant. Et vu que déjà, on était en surrégime parce qu’on a gagné des points aux dernières secondes sur deux matches –on a pris six points alors qu’on n’aurait dû en prendre que deux, si tu enlevais ces points-là à Brest, on se retrouvait dans la charrette. Alors en plus, si tu nous enlèves notre attaquant… Ben moi, j’avais anticipé ca : qu’est-ce qui s’est passé ? On ne marquait plus de buts, on a enchainé huit défaites, même plus, d’affilée.

Maxence Rigottier : Et la cote était à 5,50 ?

Benoit : Non, 8.

Maxence Rigottier: Houlala ! D’accord… Vraiment une bonne cote : tu mets 100 euros, et… Déjà, il suffit qu’ils soient, même sans être derniers, déjà un peu dans les relégables, et la cote, elle chute à 2.

Benoit : Voilà ! En plus, je l’ai prise quand on est allé battre Bordeaux –c’est notre dernière victoire, je crois. On est allé battre Bordeaux à Bordeaux, mais, pour les gens qui connaissent un peu le foot, ils venaient d’enchainer, je crois, leur huitième match en trois semaines, quelque chose comme ça. Les mecs étaient sur les rotules, et c’est pour ça qu’on a gagné.

Donc en fait, il faut quand même bien analyser, il faut anticiper ce qui peut se passer dans l’avenir. Je peux t’en dire un autre : cette année, j’ai joué Guingamp Top 3 en Ligue 2, cote à 15. J’avais même pris Guingamp champion, cote à 75. Bon, ils sont troisièmes, je pense qu’ils vont monter s’ils ont quatre points d’avance. Ils ne vont même pas finir loin de la première place. Si tu étudies la fin de saison dernière, les matchs retour de l’année dernière en Ligue 2, Guingamp était premier. Donc tu te dis que sur cette dynamique-là, forcément, cette année, il y avait les mêmes entraineurs, les mêmes joueurs, donc ça devait marcher. Tu vois ce que je veux dire ?

Maxence Rigottier : D’accord. Donc tu avais Guingamp, le Top 3 était à 15, et champion, à 75 ? Rien que le Top 3, c’est vraiment une cote excellente.

Benoit: Voilà ! Moi, c’est parce que Guingamp, c’est à 50 kilomètres de chez moi, mais il ne doit pas y avoir beaucoup de monde qui a joué Guingamp Top 3. C’est pour cela aussi que la cote était à 15. Tout ça pour dire que vous pouvez, en connaissant le sport. Il faut anticiper.

Maxence Rigottier : Tu as mis aussi Miami champion, comme beaucoup de personnes, il me semble…

Benoit : Oui. Là, c’est encore dans un autre combiné. C’est juste des exemples, je n’aime pas trop en parler parce que le gens vont se dire : « Ouais super, il se fait mousser ». Non, c’est juste pour faire part de mon expérience, et pour vous dire que les paris long terme, c’est quand même avantageux.

Là, pour passer un combo (un combiné à plusieurs paris), aujourd’hui, j’ai une cote à 40 ; j’avais mis 100 euros, et pour que mon combiné passe, il ne me reste plus que Miami champion. Ils viennent de se qualifier hier soir contre Chicago, ils sont en finale de conférence. Ils vont soit rencontrer Indiana ou New York, ils vont être favoris, ils ont l’avantage du terrain… Ce n’est pas gagné, il va falloir déjà qu’ils gagnent leur finale de conférence pour aller jouer en finale de NBA contre soit Memphis (parce qu’ils sont qualifiés aussi), soit San Antonio ou Golden State. Donc aujourd’hui, en gros, j’ai une cote à 40 ; quand je vais voir chez les bookmakers, aujourd’hui Miami champion est à 1,40. Donc en gros, j’ai une cote à 40 qui aujourd’hui en vaut 1,40. Je ne sais pas si c’est bien clair, mais en gros, si Miami est champion, j’empoche 100 X 40.

Maxence Rigottier : Dans le cas de figure de se couvrir (parce que moi, souvent, j’ai aussi un ou deux paris comme ça), si vous avez une cote qui est à 10 ou 15, toi, tu as juste à attendre que Miam soit en finale contre soit Memphis, soit San Antonio, etc. et tu couvres un tout petit peu pour ne pas être dégouté non plus de trop être gourmand. Et au final, tu as un bon petit gain qui arrive.

Benoit : C’est ça. En gros, pour faire le parallèle, si tu ne te couvres pas, c’est comme au poker : au dernier tour, à la dernière carte, tu avais 99% de chances de remporter le pot, et pas de chance ! la mauvaise carte sort, ton adversaire qui avait 1% de chances de gagner touche sa carte : il empoche le pot, et toi, tu es dégouté. Je l’ai fait plusieurs fois, je vous dis mon expérience : vous allez être vraiment dégouté, vous n’êtes pas bien pendant quelques heures ou quelques jours. Il vaut mieux assurer un gain moindre, mais assurer un gain, d’où la couverture.

Maxence Rigottier : Ou au moins, récupérer sa mise.

Benoit : Voilà, c’est mon tempérament.

Maxence Rigottier : Je suis exactement comme toi. Etre sûr au moins de se dire : « pourquoi je n’ai pas couvert, pour au moins récupérer ma mise comme si je n’avais pas joué » ? Au lieu d’être cupide et avide d’argent, et perdre sa mise alors que l’on aurait pu couvrir, et que la cote est extrêmement basse.

Benoit : Après, je connais d’autres parieurs qui ont la réflexion inverse, et qui me disent : « oui, mais tu te couvres souvent, donc tes couvertures… »

Maxence Rigottier : …te mangent du bénéfice, j’ai déjà entendu ça.

Benoit : Voilà. Mais j’ai des règles. Déjà, j’ai la préservation du capital –parce que sans capital, vous ne pouvez plus jouer, et l’augmentation progressive du capital. Donc là, par exemple, oui, je pourrais gagner 4000 euros si je ne me couvrais pas. Mais je vous dis tout de suite : même en finale de conférence, je pense que je vais commencer à me couvrir. Je préfère gagner peut-être 2000-3000 euros, plutôt que perdre tout.

Maxence Rigottier : Exactement. Je suis d’accord avec toi.

Benoit : Et pour vous dire autre chose, j’ai un collègue de boulot qui avait à peu près le même combiné que moi, seulement, il n’avait pas Miami dedans : il avait mis d’autres choses. Et lui, ça y est, c’est passé. Il lui restait Chelsea Top 4, il avait mis 100 euros à 80, ben voilà, c’est passé : 8000 euros, pas de souci !

Maxence Rigottier : Donc il était sympa quand il a vu Chelsea dans le Top 4, il était content.

Benoit : Voilà ! Alors ce n’était pas fait du tout. Moi aussi je l’avais dans mon combiné : ce n’était pas fait du tout. Pour vous dire un peu le combiné qu’il avait, c’était Ibrahimovic meilleur buteur du championnat de France à 2,75 (donc là, c’était value parce que pour nous, les books s’étaient trompé : ça ne vaut jamais 2,75, Ibrahimovic meilleur buteur du championnat de France –d’ailleurs, on voit qu’après, les books ont mis une cote inférieure à 2), Juventus championne d’Italie, Copenhague championne du Danemark, Monaco champion de France de Ligue 2, PSG champion de France de Ligue 1, Messi meilleur buteur en Espagne, Chelsea Top 4… Je dois oublier encore une ou deux cotes. Et tout ça mis bout à bout (parce qu’une combinaison, pour les débutants, c’est une multiplication des cotes), arrivait à une cote de 80. Il a mis 100 euros, et tout est passé : ça fait 100X80 = 8000, moins les 100 euros que vous avez joué : 7900 euros de bénéfice.

Maxence Rigottier : Par contre, tu ne te mets pas une règle de 5-6 combinés ?

Benoit : Non.

Maxence Rigottier : Pour pas qu’il y en ait juste un qui te crucifie ?

Benoit : Oui, mais c’est le jeu ! Quand vous avez une cote de 40 et que vous allez rajouter une cote de 2 pour arriver à 80, alors qu’une cote de 40, c’est déjà pas mal, forcément, vous prenez un risque. Mais c’est le jeu. Après, c’est aussi des choses qu’on ressent.

Là, j’ai réfléchi un peu sur les combinaisons que je faire pour septembre. Déjà, il y a quelque chose qui me parait normal : hier, je regarde, c’est une cote à 20 champion. Quand vous savez que le meilleur joueur de Dortmund vient d’être acheté par le Bayern de Munich, que Guardiola va arriver, que vous regardez comment ils jouent, voilà. Cette cote-là, je sais très bien qu’elle va aller dans un combo. A 20, Bayern de Munich champion d’Allemagne l’année prochaine, je ne vois pas ce qui peut se passer, à part un cataclysme. Sachant que Dortmund, en fait Dortmund forme les joueurs, et ils les vendent au Bayern. Le Bayern vient d’acheter Götze, le meilleur joueur de Dortmund, donc Dortmund l’année prochaine sera moins fort que cette année, et le Bayern sera aussi fort que cette année. Donc voilà, c’est de la réflexion, je suis déjà en train de penser à septembre.

Maxence Rigottier : Même la Ligue 1, tu es déjà un petit peu en train de regarder ?

Benoit : Oui, j’ai déjà deux-trois pistes. Mais c’est comme je l’ai déjà mis sur le forum : des analyse sur le tour de France, sur le Giro…

Maxence Rigottier : Justement, on va y venir. Tu es membre du club privé Paris sportifs. Que t’apportent le club privé, la communauté de parieurs? Pourquoi t’es-tu inscrit?
Benoit : Pourquoi je me suis inscrit ? Parce que c’est toujours intéressant d’échanger et de discuter avec d’autres parieurs, sachant que moi, dans mon cercle proche, personne de ma famille ne parie.

Maxence Rigottier : Donc tu n’évoques jamais les mots « paris sportifs » avec des membres de ta famille, comme énormément de personnes que je connais ?

Benoit : Avec les membres de ma famille, très peu, parce que c’est mal perçu de gagner de l’argent comme ça. Je ne leur dis pas non plus combien je gagne, parce que je n’ai pas envie d’exposer tout ça. Mais chez mes amis, il n’y a pas grand-monde qui joue, il y en a un ou deux. Donc quand on se voit, j’en discute un peu. Mais il n’y a personne qui a cette passion que moi j’ai –parce que c’est une passion. Donc en gros, le fait d’être sur des forums, comme le groupement là, ça me permet d’échanger avec d’autres personnes. Alors aujourd’hui, je sais que beaucoup de gens dans le groupement sont des débutants, donc ils vont commencer. Mais ils peuvent avoir des idées, c’est toujours intéressant d’échanger.

Quelqu’un peut être dans une ville, il a une info ; par exemple, moi je suis à Brest, ben je peux vous dire qu’à Paris, on va arriver, on n’a plus d’équipe. On a tellement de cartons rouges et de blessés qu’il n’y a plus de défense ! Non mais je peux vous dire ça : il n’y a plus de défense, on va mettre des joueurs de CFA ! Aujourd’hui, ce n’est pas sorti dans L’Equipe, mais je ne vous dis que ça. J’ai fait le calcul, on va aller à Paris, on va se prendre une branlée, je pense. Enfin, là je m’avance, parce que je suis en train de dire quelque chose sur quelque chose qui est enregistré, et on va pouvoir me le ressortir. Mais concrètement, là… Alors bien sûr, la cote de Paris, elle est nulle (elle est à 1,15), mais je pense que l’on peut se prendre 4-0 ou 5-0. Donc si quelqu’un, par exemple –on est, je ne sais plus, cinquante ou soixante, bientôt une centaine…

Maxence Rigottier : Une soixantaine on est, exactement.

Benoit : Voilà, quelqu’un qui a une info, vous pouvez la mettre sur le forum, ça servira aux autres. C’est intéressant d’échanger. Voilà, moi je dis que j’ai mis des paris déjà à long terme : bon, j’ai déjà eu des échanges, j’ai déjà eu des retours. Bon voilà, ça permet d’échanger. J’ai mis sur l’Euro de basket (qui n’a lieu qu’en septembre) déjà un pari : l’Espagne championne. J’ai déjà vu le même genre de commentaires…

Maxence Rigottier : Il m’a dit : « Je pense exactement pareil que toi. »

Benoit : Et j’essaie de faire suivre. C’est-à-dire qu’en gros, j’avais une explication, et j’essaie –parce que ce n’est pas tout de dire : « oui, jouez ça », si vous n’expliquez pas pourquoi, ça n’intéresse pas forcément les gens. L’info je l’ai mise, que Pau Gasol ne jouera pas pour l’Espagne parce qu’il se fait opérer des deux genoux. Donc la raquette sera un peu moins forte, mais comme je l’expliquais, il restera toujours le meilleur défenseur de cette année, Marc Gasol, qui a été élu meilleur défenseur de la NBA, plus Serge Ibaka, le pivot d’Oklahoma City. A eux deux dans la raquette, dans une équipe en Europe, il n’y a personne qui est à leur niveau. En plus si la France, comme je le pense, n’a pas Noah, l’Espagne peut manger tout le monde – et je vous passe tous les joueurs qu’ils ont en plus. Et voilà, donc une cote à 1,80-1,90, pour moi, aujourd’hui, c’est bon à prendre. C’est de l’argent que vous placez, attendez septembre et vous verrez bien ce qui se passe. Et puis j’ai mis sur le Tour de France. Alors le Tour de France, j’y crois beaucoup plus…

C’est toujours intéressant d’échanger avec des gens. En plus, des fois, vous pouvez avoir des coups de moins bien parce que les paris que vous faites ne marchent pas, vous enchainez plusieurs looses d’affilée… et psychologiquement, ceux qui commencent, vous verrez que c’est très très compliqué à gérer, les paris sportifs. Si vous êtes célibataire, à la limite, ça va. Mais si vous avez une vie de famille à côté, une femme et des enfants, vous verrez que si vous enchainez dix défaites d’affilée, vous n’avez pas la bonne tête à la maison, on vous le fait remarquer, et ce n’est pas facile à vivre. Mais ça s’apprend.

Maxence Rigottier : Donc toi, tu vois les paris sportifs, comme pas mal de personnes, comme un complément de revenus ?

Benoit : Je suis toujours parti du principe que le pari sportif est un complément de revenus. Aujourd’hui, je suis au chômage parce que France Pari Sportif a fermé, mais bon, pour moi, étant Français en France, c’est juste un complément de revenus.

Maxence Rigottier : D’accord. Et si tu étais à l’étranger ?

Benoit : Si  tu étais à l’étranger, avec des cotes meilleures, je ne dis pas qu’on ne pourrait pas en vivre. Alors, vous ne roulerez sûrement pas sur l’or –au début, du moins. Mais il y a moyen de dégager un Smic, voire plus. Alors il y a plein de personnes, quand je vais dire cela, s’ils ont de l’expérience ils vont rigoler, parce qu’ils gagnent peut-être beaucoup plus….

Maxence Rigottier : Tout dépend, en fait. C’est cela que j’explique à certaines personnes : c’est que gagner une somme d’argent, ça ne veut rien dire, c’est par rapport au capital. Si on a 50 000 euros de capital, on est censé gagner plus que si on a 15 000. Je dirais que la limite, c’est vers 100 000 euros de capital, parce qu’au-delà, il y a toutes ces limitations des books, soit par rapport aux marchés, etc. et que si demain on a un million d’euros, les paris sportifs, c’est un petit jeu pour faire fructifier tout ça.

Benoit : Déjà, si vous avez (alors, je vais prendre des grands chiffres) 500 000 euros de capital… Alors bien sûr, vous allez me dire : « ça ne peut pas arriver, parce que si vous avez 500 000 euros de capital, vous allez acheter des choses, investir dans la pierre, je ne sais pas ». Oui, mais si vous avez 500 000 euros de capital, vous pouvez peut-être jouer 1000 euros par pari, et je ne vous explique même pas. 1000 euros par pari, si vous avez juste un retour sur investissement de 10%, si sur un mois, vous jouez 100 000 euros, vous avez un bénéfice sur les 100 000 euros de joués de 10%. Je vous laisse faire le calcul. Vous gagnez 10 000 euros par mois.

Alors bien sûr, ce que je dis, ça parait inatteignable pour beaucoup de monde, mais je suis persuadé que c’est possible. Je vous le dis, moi, aujourd’hui, je n’en suis pas encore là. Mais quand j’ai commencé, j’ai commencé avec des paris à 5 euros. J’avais 500 euros de capital, c’était mon argent de poche : j’avais 18 ans. J’avais fait des petits boulots, j’avais 500 euros de capital, j’ai commencé avec 5 euros. Aujourd’hui, je joue plusieurs dizaines d’euros par pari. Et puis le capital, forcément, il a gonflé.

Maxence Rigottier : Exactement. En fait, le plus dur, c’est notamment ces chocs psychologiques par rapport au nombre de paris gagnants, au nombre de paris perdants, à la mise que vous jouez : est-ce que vous êtes réellement à l’aise avec la mise ? Parce que même avec un gros capital, si jouer des coups de 600 euros, vous n’êtes pas du tout à l’aise (ca peut être normal, c’est logique), il vaut mieux jouer moins au lieu de bousiller sa santé juste pour gagner encore plus.

Benoit : C’est ça. Comme disait quelqu’un, le plus dur, c’est le premier million ! Voilà !

Maxence Rigottier : Pour finir sur une dernière question : pour les personnes qui aimeraient travailler chez un bookmaker, quels conseils pourrais-tu leur donner ?

Benoit : Pour les personnes qui veulent devenir bookmaker ou travailler comme coteur chez un bookmaker… Moi, c’était particulier, parce que comme je l’ai dit, je n’ai pas fait d’études en mathématiques ou quoi que ce soit, c’est juste parce que j’étais passionné que j’ai été pris.

Maxence Rigottier : Donc ça peut suffire, être passionné ?

Benoit : Il faut avoir un bon historique, un bon vécu au niveau des paris sportifs, comprendre quand même un peu les statistiques et tout ça. Il faut quand même décoincer un peu en maths pour les pourcentages, ca, c’est sûr, puisqu’à une cote correspond un pourcentage. Aujourd’hui, si vous voulez être coteur chez un bookmaker, déjà, ce sera Paris ou Toulouse en France. Si vous voulez aller à l’étranger, Londres me parait adéquate avec tous les .com : William Hill, Paddy Power, etc. Bien sûr, il faut bien maîtriser l’anglais. Je pense qu’un bon bagage en mathématiques, sur un CV, ça fait toujours sérieux, avec une expérience de trois à cinq ans dans les paris sportifs. Et puis vous tentez votre chance ! Alors attention, vous ne toucherez pas des millions et des cents. Les connaissances que j’ai à Parions Web, sur Paris où la vie est plus chère, cette personne-là touchait 1900 à 2000 euros net. Attention, c’est Paris ! Moi (de toutes façons, aujourd’hui, je m’en fiche, je peux le dire), mon salaire de coteur, c’était 1410 euros net. Voilà, c’est dit.

Maxence Rigottier : Donc 1400 à Brest et 1900 à Paris, où le coût de la vie est beaucoup plus cher ; donc au final, ça revient pareil.

Benoit : Oui, ce qui est logique. N’espérez pas devenir riche.

Maxence Rigottier : N’espérez pas gagner de gros salaires en étant coteur ou en travaillant chez un bookmaker.

Benoit : Voilà, c’est ce que je voulais dire. Donc, devenez parieur.

Maxence Rigottier : Parieur, il y a plus de risques, mais il y a possibilité d’avoir plus de gains.

Benoit : Vous avez la possibilité après, peut-être, de pouvoir réaliser vos rêves.

Maxence Rigottier : C’est comme si, admettons, que vous êtes entrepreneur : il y a plus de risques, plus de danger, etc. mais il y a beaucoup plus d’opportunités de se développer et de gagner plus par la même occasion.

Benoit : Soyez prêt à faire des sacrifices, comme je l’ai dit tout à l’heure, au niveau des horaires. Parce que commencer à 15 heures et finir à 23h30, si vous avez une vie de famille, et vous n’avez pas vos week-ends… Voilà, il faut juste réfléchir. Mais bon, c’est une aventure comme une autre. Ceux qui veulent, ils peuvent tenter. Aujourd’hui, le marché est un peu bouché, je pense, parce que c’était bien au début avec l’ouverture du marché en France : ils ont recruté du monde. Aujourd’hui, ils sont plutôt en sens inverse, ils sont plutôt à dégraisser qu’embaucher chez les bookmakers. Mais bon, vous pouvez tenter l’aventure, ça ne mange pas de pain, et puis à la limite, c’est une expérience, aussi.

Maxence Rigottier : Oui, exactement. Ca fait une première expérience d’être de l’autre côté de la barrière dans les paris sportifs.

Benoit : C’est ça.

Maxence Rigottier : OK. Merci une nouvelle fois pour ton retour d’expérience. Donc là, tes projets sont 100% paris sportifs dans le futur ?

Benoit : De toute façon, oui ! C’est que quand j’avais un métier, j’avais du mal avec la gestion. Je n’en ai parlé, mais la gestion est vachement importante : la gestion de sa Bank roll, de son capital. Avec mon boulot, j’avais un peu laissé ca de côté. Mais voilà, faire des tableaux Excel pour bien gérer, savoir où vous en êtes, si vous gagnez ou perdez de l’argent, c’est important. Je vais reprendre tout ça –ce n’est pas bien, mais j’avais mis ca de côté. Donc mes projets, c’est essayer de vivre un peu plus des paris sportifs, et peut-être un projet de site de conseil en paris sportifs, pour plus tard. A voir, vu que je vais avoir un peu plus de temps…

Maxence Rigottier : Au passage, si vous êtes excellent tipster, si vous avez des connaissances, c’est dix fois plus intelligent, voire même cent fois plus intelligent, de monter un site pour ensuite vendre des pronostics parce que vous êtes tipsters, plutôt que de faire une page Facebook comme beaucoup de personnes le font, malheureusement. C’est une perte de temps. Vraiment, ayez un site ou un blog comme le mien avec une newsletter, etc. et vous allez pouvoir communiquer directement avec vos lecteurs. Et ensuite, si vous faites un excellent travail, vous pourrez vendre des produits, etc. sans aucun souci. C’est un bon projet qu’a Benoit, et si tu te spécialises dans le rugby, je pense qu’il y a un excellent marché à prendre.

Benoit : Ce qui est difficile, c’est de faire sa place et de se faire une réputation dans ce milieu. Parce que la réputation, c’est important. Si vous êtes connu et que vous avez engrangé des bénéfices, que vous avez fait la preuve par A+B à tout le monde (ou à beaucoup de gens) que vous gagnez de l’argent, forcément, les gens sont plus à même de vous suivre et d’acheter des pronostics. Si personne ne vous connait et que vous venez de vous lancer, je suis désolé, mais personne ne vous suivra. Donc voilà, il faut avoir, comme je dis, déjà roulé sa bosse et avoir fait ses preuves, avoir des historiques (bien sûr, des historiques pas faux, parce qu’il y a tellement de sites où vous avez de faux historiques), des historiques de vos paris pour faire la preuve aux gens que vous gagnez sur une année : pour vous, ce ne sera que meilleur.

Maxence Rigottier : L’idéal, c’est de se faire vérifier si vous le pouvez, mais si vous ne pouvez pas, ce n’est pas non plus indispensable parce que le bouche-à-oreille aura lieu, et vous aurez votre petite communauté de clients sans aucun souci.

Benoit : C’est ça. Mais après, ça reste quand même un milieu fermé, les paris sportifs. Mais je reste persuadé que c’est en train de se développer, parce que les générations qui arrivent, les ados de 15-16 ans, on voit qu’ils parlent beaucoup plus.

Et dernière information que je peux vous lâcher, c’est qu’aujourd’hui, par exemple sur le match PSG-Barcelone, il y avait eu trois millions de mises : deux millions de mises avaient été misées au café. Donc c’est pour vous dire que les sites en ligne, aujourd’hui, n’ont pas la grosse part du gâteau en France au niveau des paris sportifs. Et ceux qui s’en mettent plein les poches, c’est la Française des Jeux, parce qu’ils avaient 66% des mises jouées chez eux, au café.

Maxence Rigottier : Donc c’est des petites mises, un petit billet de 5 euros qui traine dans la poche…

Benoit: Voilà, un petit café avec les copains : « tiens, on joue », et allez, c’est parti. Dans les cafés, pour ceux qui ne le savent pas, vous avez des cotes meilleures que sur les books en ligne en France, parce qu’ils ont moins de taxes.

Maxence Rigottier : Paradoxalement ! On pourrait se dire qu’en ligne, c’est mieux. Mais pour la France, c’est mieux d’aller jouer au bureau de tabac.

Benoit : Aujourd’hui, je peux le dire parce que les cotes sont plus hautes. Par exemple, vous pouvez avoir du 1,90 au bar-tabac, alors que sur des paris en ligne, vous aurez du 1,80. Donc le fait de se déplacer, vous gagnez à peu près 10% de plus. Après, il faut avoir un tabac près de chez soi aussi.

Maxence Rigottier : Ça vaut le coup si vous jouez quelques dizaines ou centaines d’euros, et également si vous avez un tabac près de chez vous, ca, c’est sûr.

Benoit: C’est ça, voilà. Après, si les gens du forum veulent revenir là-dessus…

Maxence Rigottier : Donc si vous avez des questions à Benoit par rapport à sa vie de bookmaker –parce que tu as travaillé quand même deux ans et demi chez France Pari Sportif, donc si vous avez des questions parce que vous aimeriez travailler chez un bookmaker, n’hésitez pas à le dire dans les commentaires juste en-dessous. Et si, dans le futur, vous souhaiteriez rejoindre le club privé Paris Sportifs, vous retrouverez également Benoit au sein du club. Donc bonne journée à tout le monde, et à bientôt pour les suite de mon aventure à Malte. Salut Benoit !

Benoit : Au revoir à tous !

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